Par un parent de la communauté d’Adopt4Life et l’enfant d’une personne adoptée
Mon père a grandi à une époque durant laquelle boire pendant la grossesse ne posait pas de problème particulier. Le concept même de TSAF n’était pas une question à laquelle on réfléchissait. Ce n’est donc que lorsque mon père a atteint l’âge d’or qu’il a demandé à recevoir officiellement un diagnostic de troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale.
À l’adolescence, mon père a eu des démêlés avec la police, a été qualifié de « délinquant » et a été renvoyé de son école secondaire avant d’avoir obtenu son diplôme. Il a fait de nombreux séjours en famille d’accueil et en prison. Sa fratrie le décrit comme une personne toujours loyale, très solidaire et protectrice des autres.
À l’âge de 20 ans, il a fait la connaissance de ma mère grâce à un ami commun, et le reste, comme on dit, appartient à l’histoire.
En grandissant, mon père prenait des décisions impulsives. Quand j’étais enfant, c’était très amusant et excitant, mais il mettait souvent ma mère en colère, car il ne réfléchissait pas assez avant de passer à l’acte. Il avait aussi tendance à se mettre facilement en colère, alors nous avons appris à le laisser tranquille ou à lui laisser de l’espace. Il luttait également contre l’alcoolisme, ce qui, parfois, aggravait sa colère. Pour nous, c’était normal. Ma mère s’occupait des finances, se souvenait des anniversaires et nous aidait à faire nos devoirs. Mon père faisait l’épicerie, la cuisine et jouait toujours avec nous. Il excellait dans les choses qui étaient routinières, les choses avec le même degré de responsabilité.
Au fur et à mesure que ma fratrie et moi avons grandi et que mon père est devenu grand-père, nous avons constaté un énorme changement dans son désir de communiquer davantage, de comprendre les besoins de nos enfants. Le fait d’être impliqué dans la vie de ses petits-enfants a suscité le désir de comprendre pourquoi son cerveau fonctionne comme il le fait. Il ne sait pas bien lire, mais peut répondre à des problèmes de mathématiques compliqués en un clin d’œil. Il ne peut pas nous dire quel âge nous avons, ni nos dates de naissance, mais il était le premier de la file à tous mes voyages scolaires, il m’a appris à faire du vélo et à préparer une délicieuse salade César.
Je me souviens du jour où il s’est assis avec moi pour me dire qu’il avait un TSAF. C’était comme si tous les morceaux du casse-tête se mettaient en place. J’étais triste en pensant aux difficultés qu’il avait rencontrées toute sa vie, à l’absence de soutien et aux occasions ratées. En même temps, je me réjouissais de savoir que mon père allait maintenant mieux comprendre le fonctionnement de son cerveau. En tant que famille, nous avons beaucoup appris sur la façon dont nous pouvons le soutenir au maximum.
À l’occasion du mois de la sensibilisation aux TSAF, je voulais prendre un moment pour partager mon histoire, une histoire dont peu de gens entendent parler. Comme beaucoup de familles, nous avons connu des difficultés et nous avons appris à faire les choses différemment, mais c’est notre famille—je ne voudrais pas qu’il en soit autrement. Le TSAF a fait de mon père une personne extrêmement compatissante, attentionnée et aimante, et c’est un honneur pour moi d’être son enfant. Mon espoir pour l’avenir est que, grâce à des diagnostics et des accompagnements plus précoces, davantage de personnes pourront vivre une vie épanouie et réaliser leur plein potentiel. Le TSAF peut être pénible, frustrant et compliqué, mais c’est aussi des gens, des familles et de l’amour.
Les opinions exprimées dans les blogues publiés sont celles de leur auteur et ne reflètent pas la position officielle d’Adopt4Life. Nous respectons la diversité d’opinion au sein du milieu de l’adoption et espérons que ces blogues susciteront des échanges constructifs.