Le Premier Chapitre : Mon parcours vers L’Ouverture en Adoption

Par Rebecca W., Adopt4Life liaison parent régionale

Ma fille venait d’avoir 2 ans lorsqu’elle est devenue mienne. Il s’agissait d’une adoption fermée puisqu’elle avait été déclarée pupille de la couronne sans droit de contact six mois auparavant. Même s’il n’y avait pas de préoccupations liées à la sécurité, ça m’a pris environ un an et demi (juste avant que l’adoption ne soit finalisée) pour convaincre notre préposé à l’adoption de nous mettre en contact avec la première famille de ma fille. S’en est suivi ce qui aurait autrement pu être une saga hilarante mettant en vedette des adresses de courriel erronées qui ont retardé pendant plusieurs mois notre premier contact.

Finalement, dans un café, j’ai rencontré la femme grâce à laquelle j’ai reçu le plus beau des cadeaux. Lentement, notre nervosité s’est évaporée (ou du moins la mienne, car je ne veux pas parler pour elle), mais je pense que nous avons toutes deux surmonté notre timidité. Au fur et à mesure que nous partagions photos et histoires, notre admiration l’une pour l’autre grandissait.

Depuis, nous avons eu notre première sortie ensemble, dans un musée. C’était un bon choix, car il y avait beaucoup de choses à voir, à faire et à discuter. Nous avons continué les visites en personne puis, Covid oblige, nous avons migré vers des rencontres virtuelles, pour ensuite revenir à celles en personne; le tout dans la joie et l’embarras, avec incertitude et amusement. Quelques ratés et malentendus… et il y a deux semaines, C. et moi avons accompagné ensemble ma fille à sa première journée de maternelle. Quel plaisir nous avons eu à courir, jouer et rire dans la cour de récréation de sa nouvelle école.

Allons-nous trop vite? Allons-nous trop lentement? Est-ce que je ne fais pas assez confiance? Est-ce que je fais trop confiance? En fin de compte, et bien que j’apprenne tellement des autres témoignages d’adoption ouverte, c’est à nous de figurer ce qui fonctionne pour nous, mais il s’agit aussi de repousser mes limites. C’est un équilibre; c’est une danse.

En tant que mère adoptive célibataire, c’est une joie pour moi de partager ma/notre fille avec quelqu’un qui s’émerveille autant que moi à chacun de ses exploits. Typiquement, dans la culture caucasienne canadienne (du moins de l’expérience que j’en ai), l’adoption est considérée comme un acte fermé et final. C’est ainsi que mes parents comprennent l’adoption, et ils se questionnent donc sur les bienfaits de l’adoption ouverte. Cela multiplie le potentiel de confusion et de souffrance, de rester en contact à la fois avec la famille biologique et la famille d’accueil de ma fille. De plus en plus, les adoptions ouvertes deviennent la norme, mais il s’agit souvent d’un gage et parfois elle se définit par un ordre juridique prescrivant un certain nombre de visites annuellement. Dans notre cas, il n’y a jamais eu un tel ordre juridique, alors nous sommes libres de créer ce qui nous semble approprié; le tout est en constante évolution et progression.

Les groupes de soutien pour les parents d’Adopt4life sont une grande source d’appui pour moi durant mon parcours actuel vers une adoption plus ouverte, tout particulièrement les groupes Fortifier les adoptions ouvertes et Adoption ouverte : créer des liens. Prendre part à ces conversations avec d’autres parents adoptifs m’aide à normaliser l’idée de l’adoption ouverte et à repousser les limites de ce que cela signifie. Adoption ouverte : créer des liens est un groupe comprenant des adultes adoptés, des familles biologiques et des familles adoptives. Le groupe favorise les conversations difficiles au sujet des privilèges et de l’adoption. Lorsque C. m’a demandé d’assister à la première journée d’école de A., une part de moi voulait dire non, principalement parce que j’avais peur que cela engendre trop d’émotions pour A. pendant une journée déjà bien chargée. Discuter avec ces autres parents, adoptifs et biologiques, m’a permis de remettre en question mes propres limitations et préconceptions, ce qui m’a aidé à conclure que nous n’avions vraiment rien à perdre en marchant côte à côte pour ce premier jour d’école. A. était tellement contente de voir sa maman, de marcher ensemble vers l’école et de déguster les friandises toutes spéciales qu’elle avait apportées pour son premier dîner à l’école. Bien sûr, il y a eu des crises, mais je pense que cela avait plus à voir avec le gros changement dans sa routine. Et nous passons au travers.

C’est facile pour moi de vouloir tout contrôler. Une partie de mon cheminement vers l’ouverture consiste à réaliser et à accepter que je ne contrôlerai pas toutes les expériences de ma fille. Je peux être honnête avec moi-même à propos de quand je veux dire non et me demander pourquoi : est-ce que c’est une limite que je peux repousser? Est-ce que je peux faire preuve d’ouverture à ce sujet?

Quand j’ai raconté à Adopt4Life que les deux mamans d’A. l’avaient accompagnée pour son premier jour à la maternelle, on m’a invité à partager notre histoire d’ouverture avec vous. Mais bien sûr, il ne s’agit ici que du premier chapitre. Je ne sais pas ce que nous réserve le second. Comme avec toute relation significative, il y aura des hauts et des bas. J’espère que, parce qu’A. saura vraiment qui elle est et d’où elle vient, et parce qu’elle verra la valse des liens que constitue l’adoption ouverte, elle sera plus forte et plus posée. Petit à petit, j’apprends à connaître et à avoir confiance que, comme lors de cette première journée d’école, il y aura peut-être de grandes émotions, mais il y aura aussi A., main dans la main avec deux personnes qui l’aiment férocement, et ça, c’est vraiment la meilleure chose possible.

Les opinions exprimées dans les blogues publiés sont celles de leur auteur et ne reflètent pas la position officielle d’Adopt4Life. Nous respectons la diversité d’opinion au sein du milieu de l’adoption et espérons que ces blogues susciteront des échanges constructifs.