Par un parent de la communauté Adopt4Life
Je suis toujours étonné de l’omniprésence des traumatismes dans la vie de nos enfants. Avec son historique de placements en famille d’accueil, ma fille a, à vrai dire, relativement peu de traumatismes avec lesquels composer comparée à plusieurs autres enfants qui ont passé du temps dans le système. Toutefois, même avec une petite enfance assez stable, toute proportion gardée, il y a des moments dans l’année où elle éprouve davantage de difficultés.
Bien qu’elle n’ait aucun souvenir de ces traumatismes et problèmes passés, lorsque l’hiver laisse place au printemps, lorsque le soleil devient plus brillant et plus fort, et que les oiseaux entament leur mélodie, le corps de ma fille et une partie inconnue de son cerveau se rappellent les profondes pertes qu’elle a vécues. Ma brillante petite fille de sept ans se met à agir comme un enfant beaucoup plus jeune, elle a de la misère à être séparée de moi (même les petites séparations parfois, comme de ne pas être dans la même pièce), elle s’accroche et pleurniche, et elle refuse d’accomplir des tâches qu’elle comprend pourtant très bien. Elle retombe dans des schémas cérébraux beaucoup plus primitifs. Elle devient moins rationnelle, plus réactive, plus querelleuse et plus difficile à apaiser. Au fur et à mesure qu’elle grandit, je prends le temps de lui révéler ces observations; pour l’aider à découvrir pourquoi son corps devient hors de contrôle et son esprit difficile à réguler. Je lui explique la douleur qu’elle a peut-être ressentie et les pertes que je la sais avoir vécues. Je l’aide à naviguer le fait que son corps a connu cette douleur avant qu’elle ait des mots ou des souvenirs pour l’enregistrer et qu’au plus profond d’elle-même, d’une manière ou d’une autre, son corps en a pris note.
Certains jours de ces périodes plus difficiles, alors que les demandes de ma fille se multiplient, j’ai de la difficulté à conserver ma bienveillance. Ce n’est pas évident de rester patient quand une fillette de sept ans s’accroche et pleurniche au sujet de chose qu’elle gère normalement avec aisance. Mais parfois, j’aperçois ou je sens quelque chose qui me ramène immédiatement à un souvenir de ma propre enfance d’un tel poids que j’ai l’impression de le revivre comme si j’y étais de nouveau. Ma propre mémoire me donne un petit aperçu de ce qui rôde possiblement tout au fond de ses souvenirs. Mon cerveau ne s’emballe pas avec la peur inavouée de devoir dire adieu aux personnes les plus importantes de ma vie, mais le sien s’est aligné sur cette possibilité puisque cela s’est déjà produit par le passé. À la lumière de ceci, qu’elle s’accroche et pleurniche devient compréhensible alors que nous nous débrouillons pour passer à la saison suivante, en nous défaisant un peu plus du souvenir de ces traumatismes.
J’ai lu quelques livres récemment qui m’ont beaucoup aidé sur cet aspect de notre cheminement, incluant : The Body Keeps the Score: Brain, Mind, and Body in the Healing of Trauma de Bessel van der Kolk et The Deepest Well: Healing the Long-Term Effects of Childhood Adversity de la Dre Nadine Burke Harris.
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