Par anonyme
À l'âge d'onze ans, j'ai visionné un documentaire sur les orphelinats bondés de petites filles abandonnées en Chine. C'est à ce moment que j'ai décidé qu'un jour, j'adopterais.
Un mariage et trois garçons biologiques plus tard, je suis allée chercher une petite fille de quinze mois à Wuhan en 2018. C'est une adorable enfant d'une adaptabilité et d'une bonne humeur hors du commun.
Les années précédant notre jumelage en adoption avaient été caractérisées par des difficultés conjugales, mais je n'osais pas arrêter les démarches. Le deuil du rêve de l'adoption et le deuil d'un divorce auraient été trop à supporter.
Le retour de la Chine pour ma fille s'est exceptionnellement bien passé, mais pas le mien. J'ai sombré dans ce qui me paraît avoir été une brève dépression post-adoption. J'étais fonctionnelle, mais mon cerveau baignait dans une brume sombre et pesante. Je me disais que je souffrais probablement du décalage horaire. J'ai pensé demander de l'aide, mais j'éprouvais de la honte à avoir tant de peine à vivre la réalisation de mon rêve, alors que ma fille était si facile et attachante.
J'ai enfin consulté une psychologue, ce qui m'a grandement aidée. Mais nos problèmes de couple ont rapidement refait surface et, un an après l'adoption, nous nous sommes séparés. L'année suivante, nous étions divorcés.
J'ai vécu de la culpabilité face à cette tournure d'événements. Ma fille est si géniale que je me disais: "N'importe quelle famille unie aurait eu la chance de l'avoir, mais elle est tombée sur une famille qui allait se séparer." Déjà que dans ses premiers mois de vie, elle avait vécu l'abandon de sa famille biologique et de nombreuses transitions entre l'orphelinat, la famille d'accueil et l'hôpital à cause de sa santé.
J'ai aussi vécu de la culpabilité face à mon état durant les mois suivant l'adoption. À cause du stress de mon mariage éclaté, je pleurais presque tous les jours et j'avais de la difficulté à être pleinement présente et attentive à mes enfants. Loin de les négliger, mon cœur avait si mal que ma tête était ailleurs.
Je me sentais coupable quand ma fille pleurait avant d'aller chez papa (qui est un bon père). Mais avec sa résilience caractéristique, elle a fini par s'habituer. Le fait d'avoir trois grands frères qui partagent la même réalité semble l'aider à vivre les changements de maisons hebdomadaires.
Je vis encore une tristesse quand je vois mes enfants partir pour quelques jours, car je me dis bien que ça n'aurait pas dû en être ainsi.
Je me console en me rappelant qu'aucun plan de vie n'est parfait. Notre travailleuse sociale m'a rassurée en me disant que les conséquences graves du divorce sur les enfants surviennent lorsque la mésentente règne. Heureusement, le père de mes enfants et moi avons une relation conviviale et nous sommes tous les deux engagés à notre façon envers le bien-être de chacun d'eux.
Le divorce est loin d'être une situation idéale, mais comme le cliché le dit: « Quand maman va bien, les enfants vont bien. » Je me sens infiniment mieux que lorsque je vivais sous le stress d'un mariage difficile. L'humeur joyeuse de mes enfants et la légèreté qui règne dans ma maison me démontrent qu'il peut malgré tout y avoir des bons côtés à un divorce, lorsque celui-ci est inévitable.
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