Par anonyme
Il n’y a pas de recette toute préparée, toute parfaite d’ÊTRE un parent. Alors, imaginez, la complexité de cette recette disparate qu’est d’élever un enfant avec un trouble réactionnel de l’attachement.
Ça nous ramène constamment en situation d’échec. Cet échec, nous le sentons au cœur même de nos entrailles. Elle s’impose, elle s’immisce lentement mais sûrement. Pourtant, les bons coups sont au rendez-vous! Mais, cette colère si présente et si spontanée qui fait partie de notre petit soldat prend trop de place pour que les bons coups soient en première position du palmarès de la maman parfaite. Je pensais détenir tous les ingrédients pour être cette maman, sa maman. Je ne veux pas être parfaite ni trop imparfaite, je veux juste être sa maman point. Je récolte ses petites doses d’amour au compte-goutte. Je récolte sa colère pour tout et pour rien à grand jet. Je beurre son pain sans son consentement, il explose. J’évite de le tartiner, il explose. Je coupe sa banane, il explose. Je lui donne entière, il explose. Je marche sur des œufs. Je dois surveiller chaque petit geste spontané que je pose au quotidien, même pour lui faire plaisir. Chaque fois, j’appréhende le venin de la colère. La colère est saine. Vivre ce sentiment est légitime et normal. La vivre sans retenue, j’en peux plus. Ça me dévore l’intérieur. Elle entre en moi sans permission, elle fait des ravages, elle bouleverse mes entrailles et ma tête.
Mon petit survivant menait un combat de tous les instants pour exister, pour faire sa place, pour se faire aimer, pour se détacher, pour apprendre à nouveau à faire minimalement confiance, pour se sentir autant soit peu en sécurité, pour lutter contre ses démons intérieurs, ses peurs, lutter contre les multiples traumatismes qui ont parsemés sa vie à un si jeune âge.
Nous avons vécu des montagnes russes d'émotions. Des bons, mais aussi des moins bons moments. Puis exténuée, blessée de l’intérieur et de l’extérieur, le vide s’est créé. Le pilote automatique s’était installé et durait depuis beaucoup trop longtemps. La tornade submergeait notre maison et notre cœur depuis plus de 3 ans. Quand cette tempête devient de plus en plus forte et qu'elle devient incontrôlable, plus rien ne peut l'arrêter. La plus belle météo, le plus gros soleil, la plus grande des chaleurs, le plus grand amour parental ne peut la ralentir. C’est alors que nous avons dû commettre l’impensable pour nous et pour lui. Mais, c’était une question de survie. Le cœur ravagé, nous avons laissé temporairement à d'autres la responsabilité de prendre soin de notre petit soldat. Il est allé se déposer dans un endroit pour se faire aider, nous aider, pour que son intensité soit moins grande, pour qu’il puisse mieux s'épanouir et mieux vivre tous les alinéas que la vie a mis sur sa route.
C’est tabou de le dire, c’est culpabilisant de le nommer mais, ce placement a changé notre vie pour le meilleur. Ça m’a aussi sauvé la vie. À lui, ça lui a permis d’enfin nous faire confiance et de se déposer. Son cocon est percé. Il s’épanouit et embrasse la vie.
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