Par Meagan W.
Ma fille, Stéphanie, ne vit pas avec moi. Elle vient d’avoir dix-huit ans. La plupart des gens présument qu’elle vit ailleurs pour ses études. Je ne prends généralement pas la peine de les corriger, par contre, si j’en ai l’énergie, je le fais parfois. La vérité c’est que Stéphanie ne vit pas avec mon mari et moi de façon régulière depuis ses treize ans.
Ce n’est pas une histoire facile à raconter.
Stéphanie a rejoint notre famille lorsqu’elle avait neuf ans et demi. Nous savions qu’elle avait quelques retards d’apprentissage, un diagnostic de TDAH et possiblement quelque chose appelé TRAE (RAD). Nous avons rapidement découvert à quel point ce rapport était incomplet.
Stéphanie a progressé au fil des ans et nous lui avons donné tout le soutien possible et imaginable. Services d’orthophonie, thérapie de l’attachement, thérapie par le jeu, thérapie par l’art, thérapie pour traiter les traumatismes. Nous l’avons placée dans des écoles spécialisées et avons obtenu une gestion externe de son dossier. Nous avons même essayé deux établissements de traitement résidentiels différents, ce sont des foyers de groupe temporaires pour les jeunes axés sur la santé mentale. Lorsqu’elle est rentrée du premier séjour, il est devenu évident qu’elle avait besoin de plus d’accompagnement et nous avons recommencé nos recherches. C’est au cours de son deuxième séjour que nous avons réalisé qu’elle ne pourrait peut-être pas revenir à la maison. Nous nous sommes battus encore et encore, et nous lui avons trouvé un autre placement, puis un autre; chaque fois les placements échouaient. Le placement où elle est en ce moment semble convenir, mais cela ne fait que sept mois et je reste donc sur mes gardes.
Les professionnels de la santé mentale à notre hôpital local nous ont dit que nous n’avions « qu’à la retourner », comme si elle était une simple paire de souliers pas tout à fait de la bonne taille. Un travailleur social pour les enfants spécialisé en santé mentale m’a demandé : « lorsque vous avez planifié devenir parent…? » alors que nous étions au milieu de la salle d’urgence, avec zéro intimité, en train de supplier l’hôpital de la garder pour quelques jours pendant que nous attendions la place au prochain placement qui devait se libérer dans moins d’une semaine. Nous étions là parce qu’une fois de plus j’avais dû appeler le 911 pour du soutien. Elle courait en pleine rue et je n’arrivais pas à l’empêcher de se faire du mal. Croyez-moi, faire interner à répétition ma fille dans une unité de soins était la dernière chose que j’avais envisagée quand je rêvais de devenir parent.
C’est vraiment très difficile d’être incapables de résoudre tous les problèmes de l’enfant qu’on aime. Je suis sa mère, et je ne peux pas l’aider. Je suis forcé par les circonstances de confier sa sécurité et son bonheur à d’autres. C’est une position crève-cœur à tenir. Lors d’un des placements, Stéphanie vivait à cinq heures de chez nous, ce qui rendait les visites très difficiles et impliquait un degré de confiance inimaginable.
Pourtant, peu importe ce que l’avenir nous réserve, nous serons toujours ses parents. Nous lui avons appris à patiner lors de son premier hiver avec nous. Je l’ai aidé à teindre ses cheveux de couleurs assez loufoques et c’est quelque chose qu’elle continue d’adorer faire aujourd’hui. Une autre de ses activités préférées est de décorer pour Halloween, ce qu’elle faisait avec son père lorsqu’elle était à la maison. Maintenant, elle décore sa maison et nous décorons la nôtre, puis nous nous partageons des photos. J’ai examiné des piqûres d’abeilles via FaceTime et essayé de leur faire des bisous de guérison. Nous avons des moments FaceTime planifiés tous les jours afin de garder le contact et le personnel fait un excellent travail en lui rappelant ces appels-là. Nous maintenons aussi nos liens en jouant à des jeux en ligne (elle adore jouer au 8 américain) parce qu’elle ne veut pas toujours discuter.
Mon parcours parental est différent, et il a été plus difficile que je n’aurais pu l’imaginer. J’ai payé un lourd tribut à travers ce cheminement qui n’a pas épargné ma relation avec mon mari. J’ai souvent l’impression d’être une déception, car je n’ai pas su être tout ce dont elle avait besoin. Mais dans ces moments-là, je me rappelle que nous avons promis il y a longtemps d’appuyer Stéphanie pour qu’elle soit le plus heureuse possible. Et c’est ce que nous avons fait. En n’abandonnant jamais, et en faisant toujours ce qui était le mieux pour elle.
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