Par un membre de la communauté Adopt4Life
La semaine dernière. Nos deux enfants ont eu leur rencontre avec leur avocat du Bureau de l’avocat des enfants afin de signer la Formule 34 : Consentement de
l’enfant à l’adoption. L’objectif de cette rencontre était que l’avocat explique à chacun des enfants ses droits concernant son processus d’adoption en ciblant principalement la décision de l’enfant de changer ou non son nom.
Un peu de contexte sur le vécu de mes enfants, ils ont respectivement 7 et 8 ans. Ce sont deux garçons adorables, brillants et actifs qui sont passés à travers plusieurs placements en foyer d’accueil depuis leur entrée dans le système il y a 5 ans. Nous les avons rencontrés il y a deux ans et ils ont emménagé avec nous en décembre 2018. Nous nous sommes efforcés de leur procurer stabilité, constance et permanence; 3 éléments essentiels que la vie leur avait refusés. Au départ, nous avons été jumelés à eux à titre de parents adoptifs potentiels, cependant il y a eu quelques complications légales, puisque leur statut de pupille de la couronne a été remis en question. Peu importe, nous sommes allés de l’avant avec le statut ambigu de « famille d’accueil en vue de… », et nous avons continué de forger des liens d’attachement et d’offrir beaucoup de soutien parental thérapeutique. Après des délais supplémentaires causés par la Covid, nous avons finalement pu passer à la finalisation de l’adoption.
Pour ceux qui ne sont pas au fait du processus d’adoption pour un enfant de plus de 7 ans, la formule 34 et la rencontre avec un avocat représentent une étape obligatoire du processus.
Les deux parents de la maison étaient déchirés à l’idée de cette étape. D’un côté, nous aimons le fait que nos garçons ont le droit de choisir leur famille pour la vie et participer au processus. Cela leur donne du contrôle alors qu’ils en ont eu si peu. Mais de l’autre, nos garçons sont beaucoup plus jeunes émotionnellement que leur âge actuel et ils ont été déplacés tellement souvent qu’ils ont une peur intrinsèque que cela arrive encore. Ils ont eu beaucoup de réactions vis-à-vis des travailleurs sociaux et nous nous sommes efforcés de les aider à voir les préposés des SAE comme des gens qui aident. Alors maintenant, ils sont à l’aise avec notre préposé à l’adoption qui a aussi été assidu dans ses efforts pour gagner leur confiance. Cette étape devient un autre défi en termes de tolérance et de limites pour eux.
L’étape s’est bien passée pour notre fils de 7 ans. Pourquoi? L’avocat du Bureau est venu chez nous (en respectant toutes les protocoles Covid) et ils se sont rencontrés sous le pavillon dans le jardin en se tenant à six pieds l’un de l’autre. La confidentialité est requise durant cette rencontre entre l’avocat et l’enfant et le parent ne peut donc pas être présent pendant cette conversation. La personne qui partage ma vie incarne sa figure d’attachement principale et elle se trouvait à portée de vue tout du long, à l’opposé du jardin (à une distance d’environ 100 pieds). Notre enfant a donc pu se retourner pour la regarder et y puiser du réconfort. Du coup, 80 % du stress qu’il ressentait a été atténué et il a été en mesure d’apprécier cette étape. Après la consultation, un fier garçon de 7 ans a couru à travers le jardin pour lui dire : « Je lui ai dit que je voulais être adopté! »
Pendant ce temps, j’amenais mon fils de 8 ans au centre-ville pour un chocolat chaud et une visite à l’animalerie en tête-à-tête qui serait suivi par la rencontre au bureau de l’avocat. Nous sommes chanceux que je sois la figure principale d’attachement de celui-ci, car cela nous a permis de nous partager la tâche afin que les deux enfants aient leur rencontre au même moment.
Bien que l’avocat et le personnel juridique étaient tout à fait amicaux, le fait que mon enfant devait se rendre à une rencontre avec un étranger dans un cadre formel et derrière des portes closes a été difficile à gérer. La rencontre a duré 45 minutes (contre 15 minutes pour mon autre fils). De plus, cet enfant est aussi celui qui a le plus de souvenirs de la négligence et des traumatismes passés et peut relater avec davantage de détails l’appréhension vécue à l’âge de 3 ans. À cette époque, il a été laissé dans une pièce avec des adultes inconnus derrière des « portes closes ». Cette rencontre était source de davantage de stress. Après celle-ci, j’ai fait face à un enfant heureux, mais très nerveux et que j’ai dû réconforter.
Par la suite, nous leur avons demandé la permission de faire une fête et de leur offrir des cadeaux. Nous voulions souligner que l’adoption est une épée à double tranchant. Habituellement, pour qu’une famille gagne un enfant, une autre doit en perdre un. Je me suis fait répondre : « Tu n’as pas besoin de ma permission, on va faire la fête! »
Ce matin, j’ai accepté un appel d’un client durant notre routine matinale et c’est mon autre moitié qui a préparé nos enfants pour l’école. Cela n’a jamais été problématique avant et je ne le fais que rarement. La plupart du temps, nous participons tous deux et nous aimons passer cette période de 45 minutes à les préparer (lire les rendre excités et heureux) pour la journée. J’ai commis une erreur en acceptant de concilier un appel professionnel ce matin et l’anxiété de notre fils était simplement trop intense pour accepter que le parent auquel il est principalement lié ne soit pas tout près. Il suffit de dire que ma douce moitié a dû interrompre ma réunion pour me demander de l’aide après que ses tentatives de réguler notre fils n’ait rencontré que de la résistance pendant 15 minutes.
À peine une minute plus tard, j’apprenais que mon enfant avait peur, car son avocat lui avait dit « tu devras peut-être conserver ton ancien nom ». Wow… Du coup, sa nervosité est aussi devenue mienne parce qu’on avait tellement travaillé pour changer les seconds prénoms et le nom de famille de nos enfants (tout en gardant leur prénom).
J’ai depuis confirmé que cette information était fausse (notre fils sera adopté sous notre nom de famille). Mais ça m’a fait réfléchir… Quoi d’autre mon enfant a-t-il intériorisé? Quoi d’autre est maintenant sujet d’inquiétude pour lui? Rappelez-vous, il s’agissait d’une séance close et nous n’avons accès à aucune note ni information. En me mettant à la place d’un jeune de 8 ans, j’imagine que de mettre autant l’accent sur le changement de nom ferait en sorte que ce serait facile de se méprendre sur l’objectif de la conversation. Pour les enfants devant passer à travers ce processus, on attend d’eux à ce qu’ils agissent en adulte et à ce qu’ils prennent une décision si importante tout seuls.
Heureusement, nous sommes partis pour l’école en étant contents et rassurés, mais je trouve que nous ne devrions pas charger les enfants de responsabilités qu’ils ne sont pas encore à même d’assumer.
La raison pour laquelle je voulais écrire sur cette étape particulière du processus d’adoption pour les enfants plus âgés est que c’est encore tout frais dans ma mémoire. Je désire aussi apprendre de mon erreur et aider les autres à éviter des situations similaires. Je crois fermement que j’aurais dû militer pour que quelqu’un en qui mon enfant a confiance soit présent lors de la rencontre (notre préposé à l’adoption par exemple, si cela est permis) ou que la rencontre ait lieu dans un endroit où non seulement mon enfant se sent à l’aise, mais où il peut également me regarder pour l’aider à gérer son stress, un peu comme ce qui s’est passé avec notre autre fils. Je ne veux pas et ne voulais pas participer à la rencontre ou entendre ce qui s’est dit, mais nous nous devons de réfléchir à toutes les étapes du processus d’adoption du point de vue de l’enfant.
Pensez au traumatisme que cette rencontre a pu ou pourrait avoir causé à mon aîné. Était-ce nécessaire? Est-ce que cela aurait pu être fait autrement?
Si vous êtes dans cette situation, parlez avec votre préposé à l’adoption des différentes options en fonction des besoins et de l’historique de votre enfant.
De ma famille à la vôtre, nous vous souhaitons beaucoup de succès.
Les opinions exprimées dans les blogues publiés sont celles de leur auteur et ne reflètent pas la position officielle d’Adopt4Life. Nous respectons la diversité d’opinion au sein du milieu de l’adoption et espérons que ces blogues susciteront des échanges constructifs.