Par Rebecca Weigand
Je déborde de bonheur et d’émerveillement lorsque je contemple ma fille en train d’explorer un petit ruisseau alors que nous marchons à travers un boisé sur la route de notre marché fermier favori. Chaussée de ses bottes roses, elle déclenche éclaboussure sur éclaboussure. Là, elle trouve un bâton et frappe la surface de l’eau. Elle remue du sable. Ici, elle s’accroupit pour regarder des cailloux de plus près. « Maman, viens voir! » Notre marche à travers la colline et la vallée a duré trois fois plus longtemps que si elle était dans sa poussette, et c’est le but (même si je dois parfois me le rappeler à moi-même).
Je suis devenue maman après une longue carrière d’enseignante, durant laquelle plus j’apprenais au sujet des enfants de ce monde (et au sujet des recherches grandissantes sur l’importance de jouer dehors, dans la nature), plus j’aspirais à sortir dehors avec les enfants et ne faire que ce qu’ils voulaient, tout simplement. Le système scolaire ne fonctionne pas ainsi (pas encore), mais je peux maintenant le faire en tant que parent.
Cette année, après une longue attente remplie de doutes, j’ai maintenant la chance de passer mes journées, toutes mes journées, avec une adorable et aventureuse petite fille de bientôt trois ans, débordantes de personnalité et de frivolité, que j’apprends à connaître et à aimer. Ensemble, nous construisons les liens d’attachement et de confiance dont elle aura besoin pour réaliser son plein potentiel. Nous avons l’occasion d’aller à des cours de musique et de yoga pour jeunes enfants, de même que de passer autant d’heures que nous voulons à l’extérieur, peu importe la météo.
Ma fille est heureuse de sauter dans les flaques d’eau de toutes les formes et tailles, de plonger dans la neige, d’étreindre les arbres, de se balader sur sa trottinette, d’escalader les modules de jeu au parc, de pourchasser et d’être pourchassée, de rire à s’en écrouler par terre, et de serrer les arbres sur son cœur.
Pourtant, je me surprends encore à déplorer la perte de cette enfance parfaitement ancrée dans la nature que j’avais imaginée pour ma fille. Nous pouvons entendre le bruit omniprésent du trafic et des sirènes des ambulances de la ville. J’aime habiter dans un milieu urbain, principalement parce que j’aime ne pas avoir d’auto, mais on ne peut s’empêcher de commenter les mauvaises odeurs alors que des vagues d’émanation de construction et de voitures prennent d’assaut le nez et les petits poumons de ma fille. Un épisode récent de la série The Nature of Things a révélé que ces mauvaises odeurs ne sont pas que superficielles, que la pollution atmosphérique au cœur du centre-ville est significative et que les conséquences d’une exposition à un jeune âge sont encore floues. Malgré mon profond désir en ce sens, ma fille n’est indéniablement pas en train de flâner dans un tranquille pré fleuri.
Je suis triste quand je pense à tout ce que ma fille manque aujourd’hui; à quel point ses jeux en plein air pourraient être plus riches; à tous ces vers et à toutes ces grenouilles qu’elle ne trouve pas et à tout ce qu’elle pourrait manquer dans les années à venir. La planète fait face à un emballement des changements climatiques et de multiples crises sociales et environnementales découleront de l’exploitation de la terre : une massive extinction des espèces, incluant la disparition de tellement d’espèces d’insectes, entre autre; la dégradation des sols; la pollution par le plastique; l’effondrement des océans. Je souhaite qu’elle ait une relation avec la nature basée sur la gratitude et la joie. Je veux un monde en santé (ou le plus en santé possible) dans lequel elle pourra vivre et grandir, non seulement physiquement mais aussi émotionnellement, mentalement, socialement et spirituellement.
Je me surprends à imaginer et à me demander : et si tous les parents joignaient la lutte contre les changements climatiques, au-delà des partisaneries politiques, des carrières ou de l’impression que nous sommes trop zen pour protester? Et si nous abandonnions l’image de ce monde de consommation dans lequel nous pensons devoir vivre? Et si nous agissions pour préserver une terre sur laquelle nos enfants et leurs enfants pourront s’épanouir?
Si nous nous mobilisons tous, nous pourrions léguer aux futures générations un patrimoine très différent.
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